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Une brève histoire de poinca

Le Lycée Henri Poincaré a été ouvert en 1804 et vient donc de fêter son bicentenaire. Il est installé à l’emplacement de deux couvents démantelés par la Révolution française, celui des Minimes, le plus ancien, et celui de la Visitation.

Le Couvent des Minimes a été fondé en 1592. Cet ordre, considéré comme le plus sévère de la chrétienté, faisait vœu de pauvreté extrême. Au nombre de vingt-quatre, les moines bénéficièrent de l’aide de Christophe de Bassompierre et de son épouse Louise de Radeval, ainsi que du duc Henri II.

Cet argent permit leur installation et la construction de l’église Notre Dame de Lorette, consacrée en 1613. Elle était la plus grande de Nancy à l’époque. La façade donnait vers l’actuelle rue Poincaré. L’emplacement des cours Chanzy et Blondlot faisait partie de l’ensemble.

Furent inhumés dans l’église les membres de la noblesse lorraine ainsi que ceux de la haute bourgeoisie, certaines personnalités marquantes aussi comme Jean Lamour « Serrurier du Roy ». Les minimes quittèrent, sans grande résistance, leur couvent à la Révolution.

Il ne reste plus aujourd’hui que le cloître (ex-« cour à vélos » devenue patio). Quelques reliques de l’église, que le premier proviseur fit détruire car elle menaçait ruine, sont conservées à l’église de Bonsecours, au Musée lorrain et au château d’Haroué.

Le Couvent de la Visitation fut fondé en 1632. Il fallut, pour ce faire, vaincre bien des oppositions, car les couvents abondaient à Nancy, mais la Mère Faverot finit par obtenir l’autorisation du duc Charles IV et les visitandines s’installèrent le 24 décembre 1632 sur l’emplacement de l’actuel hall de la visitation.

De très nombreux travaux et aménagements successifs marquèrent la présence durant cent soixante ans des religieuses, notamment la réalisation du cloître (cour du Sapin, actuelle cour d’honneur) et surtout l’édification de la chapelle, seul bâtiment resté intact aujourd’hui. La pose de la première pierre de la chapelle eut lieu le 15 mai 1780. Les visitandines n’en profitèrent guère.

Comme les minimes, elles durent quitter leur couvent à la Révolution, et leurs biens (maisons, écuries, vignes ! etc.) furent revendus. Certaines religieuses, moins accommodantes que leurs homologues masculins, furent même emprisonnées jusqu’en décembre 1794.

Seul vestige authentifié, hormis la chapelle, la rampe de l’escalier menant aux appartements provisoraux.

Au XIXème siècle, on s’est d’abord contenté d’utiliser tant bien que mal, en les adaptant, les locaux existants : internat du côté Visitation, externat du côté Minimes. Tous les aménagements ultérieurs sont restés circonscrits dans le quadrilatère actuel délimité par la rue des Ponts (devenue Visitation), la rue de la Poissonnerie (successivement Gambetta, puis Henri Poincaré) et la rue Saint-François (puis Saint-Joseph, puis Chanzy). Le dernier côté était délimité par des maisons, le tracé de la rue Blondlot n’existant pas encore, les actuelles rues Gilbert et Bénit étant des impasses.

La plus grande partie de la surface était occupée par des jardins, qui seront cultivés jusqu’au second empire, et des cours.

Les premiers grands travaux datent de 1860 : construction d’un bâtiment de trente mètres (celui de l’ex CDI) faisant la jonction entre les deux anciens couvents, ainsi que du « vieux gymnase » encadré de deux préaux (actuel CDI et foyer) en 1874.

Cours des Minimes

Encore plus spectaculaire fut la construction de l’aile Gambetta inaugurée en 1880, qui constitue l’actuelle façade donnant sur la place Dombasle.

Au début du XXème siècle, le lycée avait globalement la physionomie qu’il devait conserver de nombreuses décennies. La rue Blondlot ayant été tracée, une aile dévolue au « petit Lycée » avait été construite, l’aile des Visitandines sur la rue de la Visitation démolie et reconstruite. L’ensemble entouré de murs était conforme à l’idée que l’on se faisait d’un « lycée de première catégorie », peu différent d’un séminaire … ou d’une prison.

Le XXème siècle va conserver la structure générale des bâtiments, se contentant de réaménagements mineurs ou de rajouts qui auront pour effet de réduire un peu plus les espaces libres. Plusieurs ailes seront rehaussées pour faire face aux augmentations d’effectifs.
Le nouveau gymnase, qui ampute la « cour des marronniers », devenue parking, d’une bonne partie de sa surface, voit le jour en 1967.

A la place du vieux préau, un nouveau bâtiment d’internat longe la rue Blondlot. Le nouveau self occupe partiellement d’abord, puis totalement, l’emplacement de la cour Blondlot. Le foyer et le nouveau CDI, le long de la rue Chanzy, empiètent largement sur la cour du même nom, à la place de feu le « vieux gymnase » et de la salle de « gym’ corrective » devenue ensuite salle de devoirs. Et entre temps les greniers ont été transformés en petites salles de classe.

La fin du XXème siècle, où l’on a donc osé faire cohabiter architecture néo-classique et créations résolument modernes (sculpture du cloître des Minimes, réfectoire, CDI), témoigne d’un processus qui a consisté, depuis deux cents ans, à créer une enceinte homogène autour du quadrilatère des origines tout en le remplissant progressivement. Le début du XXIème siècle poursuit le pari avec la construction du nouveau gymnase.

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